Histoire de la Laïcité

Histoire de la Laïcité

         Tome 1 : Extrait- 8 premières pages

OBSERVATOIRE DE LA LAÏCITÉ DU PAYS D’AIX    9 décembre 1905  /  9 décembre 2005 

1905 – 2005 

CENT ANS DE LAÏCITÉ 

« La République est UNE parce qu’elle est de TOUS »

Aux lecteurs.

Ce dossier ne se veut pas polémique, il n’a pas non plus la prétention d’être exhaustif… Il exprime la seule volonté d’apporter un éclairage précis sur l’émergence et l’évolution d’une valeur essentielle de notre société que rien ne permet aujourd’hui de renvoyer  » aux oubliettes de l’Histoire « .

A la veille de la célébration du centenaire de la loi du 9 décembre 1905 instaurant dans notre pays la séparation des Églises et de l’État, l’Observatoire de la laïcité du pays d’Aix a souhaité  » faire le point  » sur ce concept fondamental de laïcité, tellement malmené, tellement galvaudé ces dernières années que d’aucuns le déclarent  » dépassé  » et que d’autres voudraient le réviser, le moderniser…

Nous pensons, nous, à contrario, que la laïcité est d’une étonnante modernité !

Liée à l’émergence de la pensée rationnelle, c’est elle qui nous permet de vivre ensemble, aujourd’hui, dans le respect mutuel de nos convictions privées : la laïcité doit donc perdurer dans sa spécificité, dans son intégrité.

Prenez donc connaissance, lecteurs, de ce dossier, approfondissez librement la réflexion qu’il met en oeuvre ; aller ensuite aux tests fondamentaux qui le sous-tendent, afin que la « substantifique moelle » de la laïcité puisse encore nourrir le bon fonctionnement des sociétés d’aujourd’hui et de demain.

Si des ajouts ou modifications vous semblaient nécessaires, ne manquez pas de nous en avertir afin que ce document soit complet et aussi fidèle que possible à la pensée des fondateurs de la laïcité en France.

 SOMMAIRECHAPITRE 1 –  » Vous avez dit laïcité ?  »
1.1 – La Laïcité c’est …ce n’est pas…
1.2 – Développement de trois cas concrets
1.3 – Vivre la laïcité : Qu’est-ce qu’un comportement laïque ? (Pour un enseignant, un médecin, un scientifique).CHAPITRE 2 –  » La Loi de 1905″
2.1 – Historique
2.2 – Extraits du texte
2.3 – Problématique et raisons d’exister de la LoiCHAPITRE 3 – « La Laïcité aujourd’hui »
3.1 – Liberté – Égalité – Universalité
3.2 – Modernité de la Laïcité
3.3 – Limites actuelles, dangers et menaces.

CHAPITRE 4 – « Approche pédagogique de la Laïcité »(Ensemble d’exercices et jeux de l’intelligence destinés aux élèves)
4.1 – Recherche de vocabulaire : petit lexique à compléter
4.2 – Jeux de « mots »
4.3 – « La Laïcité illustrée »
4.4 – Commentaires de textes

CHAPITRE 5 – « Qu’est-ce que l’O.L.P.A ? »
5. 1 – Historique et objet
5.2 – Statuts
5.3 – Structure
5.4 – Actions menées
5.5 – Responsables

CHAPITRE 6 – « Annexes »
6.1 – Lexique
6.2 – Chronologie
6.3 – Bibliographie

 

Vous avez dit : » Laïcité  » ?

Petit mémento d’une réalité inconsciente.

Dossier I

 La laïcité c’est :

Dans la société civile :

– La prise en compte des naissances dans  » le registre d’État- civil  » établi dans chaque commune, sous la responsabilité du Maire, élu, représentant de l’État et officier d’État-civil.

– La célébration du mariage (ou la reconnaissance du PACS) devant le même officier d’État- civil, seul acte reconnu, comme est reconnue la liberté du choix de l’époux ou de l’épouse.

– La reconnaissance du divorce.

– Le droit à une sépulture décente au sein de l’espace communal dévolu à cette fonction sous la responsabilité du premier magistrat de la commune

Dans le domaine des sciences et de la médecine :

– La totale indépendance de la connaissance scientifique dans son émergence et son libre développement, soumise seulement – pour ce qui est de ses applications – aux lois de la société qui, seules, peuvent permettre la maîtrise contrôlée du progrès,

– Le droit aux soins pour chaque individu quelles que soient ses convictions philosophiques ou religieuses, quels que soient ses penchants ; et la reconnaissance possible du droit de mourir dans la dignité,

– La libre disposition de son corps par la femme, reconnue individualité propre, notamment dans le choix (ou le non- choix) de la procréation grâce à la pratique de moyens contraceptifs différenciés.

Justice et service public :

– La mise en place d’un enseignement ouvert à tous, consacré au savoir, à la mise en œuvre de l’esprit critique, à la pratique fructueuse de la raison, indépendamment de toute intrusion dogmatique ou commerciale.

– L’égalité de chacun, reconnu comme individu autonome, devant les services de l’État, hors de tout privilège ou de toute discrimination qui seraient liées à des convictions privées ou à une appartenance communautaire.

– Une justice qui rend ses arrêts au nom du Peuple tout entier (et seulement de lui) appliquant les lois promulguées par les élus du peuple, les codes élaborés par les représentants du peuple.

Culture :

– L’extrême liberté de l’Art sous toutes ses formes, loin de tout interdit de quelque nature que ce soit, condition nécessaire au foisonnement de la création et à l’émergence des formes nouvelles de l’expression artistique.

 La laïcité ce n’est pas :

Dans la société civile :

– L’antique registre paroissial (ou lié à une tout autre confession) de recensement des naissances, par essence exclusif et inquisitoire,

– Le lien matrimonial définitif et l’imposition éventuelle de l’époux (ou de l’épouse) au nom d’une quelconque tradition, d’un quelconque respect de dogme, du maintien d’une soi-disant pureté.

– L’opprobre jeté sur les dépouilles de ceux qui ne seraient pas conformes à la morale religieuse établie et imposée.

– Une organisation étatique calquée sur une structure confessionnelle ou idéologique

Dans le domaine des Sciences et de la Médecine :

– Les limites imposées aux  » Lumières de la pensée  » par les idées pré-établies de quelconques révélations ou de livres antiques destinés à tout dire.

– L’acharnement thérapeutique au nom  » d’une vie donnée par une entité supérieure « .

– L’obligation de procréation liée au mariage qui conduit aux grossesses répétées, nonobstant la souffrance et l’altération de la santé de la femme.

– L’opprobre jeté sur la sexualité, les mutilations sexuelles, le refus de toute pratique contraceptive.

Justice et Service public :

– Un enseignement plombé par les références religieuses, spirituelles ou autres, les pratiques rituelles et sectaires, les prescriptions des cultes quels qu’ils soient.

– L’expression dans les services de l’État- nation de comportements et de pratiques liés à une religion et/ou à une idéologie officielle(s).

– Une justice rendue par référence à un droit coutumier ou régalien, catholique, coranique, talmudique ou autre, ou pour favoriser telle ou telle structure hiérarchique et/ou commerciale ou une oligarchie autoproclamée.

Culture :

– La mise en œuvre de tabous, d’interdits de toutes sortes, de formes de censure destinés à brider l’esprit humain dans toutes les formes de son expression, à imposer un comportement officiel, à canaliser de manière autoritaire le langage et la création artistique. – L’avènement d’une pensée unique dans ses différents modes d’expression.

Du développement de Quelques exemples concrets :

Dans un État laïque, une structure religieuse quelconque, parlant au nom de ceux qu’elle regroupe, peut marquer son opposition à toute forme de contraception active et l’exprimer par tout canal de l’expression publique…

…mais par son obligation de légiférer dans l’intérêt du peuple tout entier, dans son souci de voir la maîtrise de la procréation épanouir la liberté sexuelle de chacun, garantir la santé de tous, assurer à l’individu la libre disposition de son corps, le gouvernement de l’État n’a pas à se plier à un quelconque veto de quelque communauté religieuse ou non que ce soit.

Dans un État laïque toute structure religieuse ou idéologique, parlant au nom de ceux qu’elle regroupe, peut avancer telle ou telle théorie sur la création et le fonctionnement de l’Univers, l’émergence de la vie sur terre, la place de l’Homme dans l’espace infini, et elle peut le faire en utilisant les canaux habituels de l’expression publique…

…mais, parce qu’il est conscient de la réalité et de l’évolution du savoir, parce qu’il est attentif au niveau atteint (et toujours dépassé) par la pensée scientifique, parce qu’il sait que la Raison permet de discerner dans le réel ce qui est de ce qui n’est pas, le gouvernement de l’État doit permettre à l’enseignement qu’il élabore et dirige de donner à chacun les outils intellectuels qui assureront, contre les chimères, les  » révélations  » et les affirmations toutes faites, son cheminement, par ses propres convictions, vers le vrai.

Dans un État laïque, toute structure religieuse, idéologique, voire communautaire, parlant au nom de ceux qu’elle regroupe, peut vouloir peser sur le devenir individuel d’un de ses membres en l’obligeant à tel mariage, en l’enfermant dans telle coutume, en le conditionnant par tel costume et revendiquer ainsi la prééminence de la tradition de certains sur la loi de tous…

…mais, parce qu’il est le garant de l’individuation, parce qu’il doit sauvegarder le libre arbitre de chacun, parce qu’il sait qu’au-delà de toute pensée restrictive, de toute attitude obligée, il y a l’Être, le gouvernement de l’État légifère en tenant compte du principe d’universalité qui suppose le pouvoir de tous sur chacun (que ce chacun soit  » un  » ou tout un ensemble), essence de l’unité et de l’harmonie de la République.

 

 Vivre la laïcité :

Qu’est- ce qu’un comportement laïque pour :

Un enseignant ?
L’enseignant laïque est celui qui, pénétré de la matière qu’il enseigne, est à même de faire connaître à l’élève tout ce qui concerne cette matière en tant qu’objet et en tant qu’outil, tout ce qui est admis comme tout ce qui est en débat, éclairant tous les aspects du débat éventuel, présentant toutes les réponses possibles aux questions posées, les discutant à la seule lumière de la raison, s’abstenant de choisir  » la bonne réponse « , mais donnant les moyens au jugement et à l’esprit critique de s’exprimer de la façon la plus impartiale possible.

L’enseignant laïque, c’est aussi celui qui participe de la neutralité de la classe, qui s’abstient de toute manifestation visible (ou implicite) d’une idéologie, d’une foi, d’une conception philosophique. C’est celui qui apprend à apprendre, qui fait comprendre l’intelligible, qui transmet le plaisir de savoir, qui propose les moyens d’un libre épanouissement de l’esprit. C’est celui qui ne fait pas entrer dans la classe ses inquiétudes sociales, politiques, personnelles, de quelque nature qu’elles soient, et qui adopte l’attitude de reconnaissance et de respect de l’autre qu’impose la  transmission du savoir et l’exercice de la raison ;

Un médecin ?
Dans l’exercice de sa fonction, le médecin se doit de considérer le malade dans son identité propre et par rapport au mal dont il souffre. Soigner et guérir- surtout à un moment où la société, dans son ensemble, demande une médecine scientifique basée sur des preuves avec un risque thérapeutique voisin de zéro, où le moindre défaut est reproché voire dénoncé- imposent au médecin une pratique hors de toutes les contraintes religieuses et/ ou sectaires, hors de tous les        interdits pouvant aliéner le diagnostic et la réussite des soins, hors de toutes les pressions nées de rentabilité et de commercialisation qui polluent l’ordre social.

En ce sens, le médecin a, lui aussi, une pratique laïque, par le respect de l’individualité du patient et l’exercice respectueux de son Art ;

Un scientifique ?
Tout exprimer, tout analyser, tenter de tout comprendre, s’abstraire des dogmes, des opinions toutes faites, des croyances, des superstitions, des habitudes…

Là est l’assise laïque du comportement libre et responsable du scientifique. Le champ de la connaissance est infini et le scientifique se doit de le parcourir librement, entièrement, soigneusement, armé de son intelligence, de la lanterne de la Raison, des outils de sa discipline propres à sa civilisation. Il s’en remettra ensuite à la loi civile (à la loi du  » laos « ), à l’élaboration de laquelle il participera en tant que citoyen, pour canaliser les mises en application de ses découvertes, en contrôler les dérives éventuelles, pour permettre l’osmose du progrès scientifique et de l’intérêt général, pour que le progrès scientifique participe au bien de tous.

 

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